Le cofondateur d’Apiterra, qui met à disposition et entretient des ruches d’entreprises au plein cœur de Paris développe, avec Ubees, son activité aux Etats-Unis, au service de la pollinisation agricole.
« Si les abeilles disparaissaient, c’est 30 % de notre alimentation qui disparaîtrait également », résume Arnaud Lacour, dans les espaces communs de WeWork, qui abrite à Manhattan la dernière création de ce serial-entrepreneur français : Ubees. La jeune pousse propose à des agriculteurs américains ses ruches connectées, dont les abeilles vont polliniser les cultures. « Les Etats-Unis ont plus besoin que les Français de ces apports de ruches, car la mono-culture, qui, avec les pesticides, provoque la mort des abeilles, y est plus avancée », résume l’entrepreneur.
Arnaud Lacour se félicite d’une récente recrue, « le recrutement sans doute le plus intelligent que j’ai effectué », en la personne du responsable du programme abeille de l’UC Davis, (Université de Californie). « Il nous a ouvert de nombreuses portes », souligne-t-il. Les ruches qu’Ubees loue aux cultivateurs américains, de la côte ouest en particulier, sont monitorées à distance.
« La chambre de la reine au sein de la ruche doit rester à 34°. Si elle quitte cette température, c’est que la reine est décédée. Si l’on n’intervient pas dans les quinze jours, c’est toute la ruche qui meurt », explique le chef d’entreprise. Ses ruches 2.0 permettent d’intervenir avant. Ubees use de multiples techniques pour lutter contre la mortalité de ses abeilles, qu’elle parvient à réduire de 30 à 10 %.
Néo-nicotinoïde
Ubees se développe en rachetant des sociétés d’apiculture, qu’elle upgrade en déployant ses technologies. Elle compte importer ce savoir-faire en France, fort de son développement aux Etats-Unis. « La France vient d’interdire le néo-nicotinoïde dans l’agriculture et apparaît comme un des pays les plus avancés dans la lutte contre les causes de la mortalité des abeilles », indique Arnaud Lacour, qui évite tout pessimisme. Aux Etats-Unis, le nombre de ruches a été divisé par deux au cours des dernières années, passant de 5 à 2,5 millions d’unités. La production de miel a baissé d’un tiers. « Il existe des solutions pour éviter la disparition des abeilles, insiste-t-il, mais il est grand temps de les mettre en œuvre ».
Apiterra a de l’avenir
En attendant de proposer ses ruches aux agriculteurs français, Apiterra, la première société d’Arnaud Lacour, co-fondée il y a dix ans à Paris avec Ronan de Kervénoaël poursuit son ascension. Son principe consiste à proposer et à entretenir, contre un loyer annuel, des ruches à des entreprises, qui produisent du miel labellisé à leur couleur. Hermès, Clarins, L’Oréal, Accor ou Guerlain figurent parmi ses clients. Apiterra peut également former les employés urbains qui souhaitent découvrir l’apiculture.
Paradoxalement, la mortalité des abeilles est moindre à Paris qu’à la campagne, où la monoculture et les pesticides les déciment. Avec l’essor de l’agriculture en ville et des toitures végétalisées, Apiterra a l’avenir pour lui.