Ce programme onusien vise à développer des partenariats entre acteurs publics et privés pour mettre en oeuvre localement les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. En France, il s’est notamment concrétisé le 12 juin 2018, par la signature d’un partenariat exclusif entre le Cercle Grand Paris de l’investissement durable et l’UN Global compact cities program.
« Témoignage et engagement », c’est, en résumé, ce que demandait aux participants du 7e Forum du Cercle Grand Paris de l’investissement durable, le président de ce think tank, Nicolas Buchoud. Il est vrai que les acteurs du Grand Paris (et de plus loin) venus témoigner le 12 juin 2018 au Hub Icade, à Issy-les-Moulineaux, l’ont fait dans un contexte particulier. Celui de la signature en fin de matinée d’un accord de partenariat entre le Cercle, à l’origine de la manifestation, et l’UN Global compact cities program, représenté par son directeur, Michaël Nolan et sa directrice pour les partenariats, Patricia Holly-Purcell.
Ce programme de l’ONU, volet urbain du programme « Global compact » initié en 2000 par l’organisation internationale pour inciter les entreprises à adopter une attitude socialement responsable, a officiellement lancé le 13 février dernier à Kuala Lumpur un appel aux partenariats pour les villes (Cities partnership challenge). L’objectif : « développer les collaborations entre les gouvernements locaux, le secteur privé et la société civile pour répondre à des défis complexes au niveau local », expliquait alors son directeur Michael Nolan au Journal du Grand Paris.
Ces partenariats viseraient à mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD) adoptés en 2015 par les Etats membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans des domaines aussi divers que la pauvreté, la santé, l’éducation, l’énergie ou l’urbanisation (ODD n°11), ce dernier objectif ayant été décliné en 2016 dans le Nouvel agenda urbain adopté à Quito. Le programme soutiendra la formation de ces partenariats, une montée en compétence des acteurs locaux, le développement du projet et son financement en attirant des financements privés durables, le tout en bénéficiant d’une évaluation académique permettant d’en mesurer l’impact. « Pourquoi les Nations unies ?, interrogeait, le 12 juin, Patricia Holly-Purcell. Parce qu’il faut connecter le local et le global, traduire les objectifs globaux à un niveau local, créer un écosystème associant très en amont des acteurs publics et privés qui se rencontrent souvent trop tard, une fois le projets montés. »
Première sélection en octobre 2018
Les premiers groupes d’acteurs publics et privés sélectionnés dans le cadre de ce challenge seront révélés en octobre prochain à Madrid, chacun comprenant 10 à 20 collectivités. « En Europe, le Grand Paris pourrait être l’exemple principal », estime aujourd’hui Michaël Nolan. Et en vertu de l’accord de partenariat signé le 12 juin, à l’échelle du Grand Paris, le relais du programme sera Nicolas Buchoud, membre du comité exécutif de l’Assemblée générale des partenaires auprès des Nations unies (assemblée représentant les acteurs non gouvernementaux)) et président du Cercle du Grand Paris.
Dès lors, les interventions qui se sont succédé le 12 juin résonnaient non seulement comme des témoignages d’actions menées dans le Grand Paris mais aussi comme des pistes de ce qui pourrait être fait dans le cadre de ce challenge onusien : innover, coopérer, apprendre à travailler différemment… C’est le cas du démonstrateur industriel pour la ville durable (DIVD) Rêve de Scène urbaine à Plaine commune (Seine-Saint-Denis) où 450 pistes soumises aux élus par divers partenaires académiques et économiques (de la start-up aux grands groupes dont Vinci) ont abouti à 40 idées en phase de développement, mais aussi des projets culturels développés par l’agence de publicité BETC dans son nouveau site des Magasins généraux à Pantin, ou encore des nouveaux modèles économiques élaborés par Redman Asset Developpement pour des projets a priori infinançables mais porteurs de transformations sociales à l’image de The Camp à Aix ou Station F à Paris.
L’association Smart building alliance, fédérant 300 acteurs d’horizons divers, a, elle initié un label « Ready to service », indispensable « cadre de confiance pour la smart city, basé sur des données ouvertes et des systèmes interopérables » qui sera lancé le 26 juin prochain. Pour Maximilien Pellegrini, directeur général adjoint Eaux France en charge du développement et de la stratégie chez Suez, il n’est plus temps de dupliquer des solutions : l’heure est au sur mesure dans une « logique d’hyper territorialisation et de co-construction » avec des acteurs nombreux. Il faut éviter que « l’offre d’innovation soit célébrée sans que le contexte, les besoins des territoires et des habitants soient pris en compte », a pour sa part insisté André Jaunay du Forum métropolitain du Grand Paris.
Marque de fabrique du Cercle du Grand Paris, un petit tour au-delà des frontières a permis à Rollo Maschietto, directeur de projet, d’expliquer comment Sound diplomacy valorisait l’apport de la musique dans la ville et le développement de son économie que ce soit en Grande-Bretagne (Londres) ou dans 20 autres pays. Stefano Marta, coordonnateur de l’approche territoriale des objectifs de développement durable à l’OCDE a, lui, présenté le nouveau programme que son organisation lance en juillet prochain en la matière avec des sites pilotes au Japon, en Allemagne, en Italie, au Danemark, en Belgique et en Argentine.
Echanges internationaux
Du côté de l’UN Global compact cities partnerships challenge, les organisateurs expliquent avoir reçu 67 « expressions d’intérêt » émanant de villes, gouvernements locaux, du monde économique, d’organisations de la société civile. Deux groupes sont en cours de constitution en Afrique sur des sujets de sécurité urbaine et de développement durable, un en Inde autour des problématiques des smart cities, un autre en Indonésie autour des risques de catastrophes…
Dans le Grand Paris, ce sont les questions énergétiques qui tiennent la corde et quatre territoires seraient intéressés. « Le Cercle du Grand Paris sera le relais exclusif du Global compact cities program. C’est un point d’ancrage, un incubateur d’idée, nous sommes bien là dans le rôle d’un think tank », résume son président Nicolas Buchoud.